Sujet: Le bon, la brute et le truand — Elias, Naywhunt et Roki Jeu 26 Mai - 4:34
— Le bon, la brute et le truand —
Naywhunt était un marine exemplaire, efficace, disponible et volontaire. Mais, il y avait visiblement quelque chose qui clochait, et qui faisait qu'à chaque fois, ça se passait mal. Dans toutes les missions qu'avait accomplis le sujet Phantom, le fameux projet à 50 millions de berrys, cet investissement ne payait pas et elles se soldaient par des échecs. Cependant, même si, aux yeux des grandes instances, ces opérations étaient considérées comme étant échouées, très paradoxalement, la plupart des ennemis désignés par les forces armées étaient décimés. À les écouter, assassiner les gens n'était pas la seule vocation de ces missions. Qu'est-ce qu'il fallait pas entendre de nos jours. Depuis quand, au juste, était-il question d'autres choses que de ça, pensait-il, très fort, alors qu'il était assis en tailleur, pour la sixième fois du mois, dans une salle d'interrogatoire, entouré de plusieurs gradés qui voyaient, apparemment, en lui un meurtrier... C'était pourtant trois fois rien. Après tout, son collègue n'avait pas qu'à pas être pris dans l'explosion.
Effectivement, en l'examinant d'un peu plus près, Naywhunt était surtout un individualiste de première, doublé d'un désaxé comme on en voyait rarement sur Grandline. Son amour pour le combat, et à fortiori pour la mort, dévorait tout, y compris ses propres alliés. À son sens, cela n'était qu'un petit problème, mais quand même... Il y avait de plus en plus de gens qui s'en plaignaient, ce qui faisait que, de bouche à oreille, de moins en moins de soldats voulaient faire équipe avec lui. Et les officiers supérieurs qui s'occupaient de son cas, ne se gênèrent pas pour le lui faire remarquer, en s'en servant comme argument, quand ils s'évertuaient à lui expliquer que le soucis venait de lui, et non pas des autres. Le ton s'élevait dans la pièce, tout autour de la brute, alors que lui restait là, les mains posées sur ses cuisses, à regarder fixement un point dans le vide. Les yeux accusateurs de ses collègue le fixaient, mais Naywhunt était imperturbable. Il était bien trop occupé à tenter de se rappeler, du mieux qu'il le pouvait, des souvenirs de son affrontement contre ces pirates, celui qui avait causé la mort de Pascal, l'éducateur de son surnom, sous-officier de la Marine, l'individu qui l'accompagnait.
En vérité, il faisait quelque chose d'encore plus compliqué : il essayait d'accéder aux parties de sa mémoire que ces souvenirs d'affrontement avaient débloqués en lui. C'était quelqu'un de tout-à-fait déséquilibré, oui, et il avait besoin de sa dose, à cet instant. Ce soldat était atteint d'un dérèglement mental, apparu des suites du trauma qui lui amnésia toute sa mémoire, et qui faisait qu'à chaque fois qu'il était confronté à la violence, en la subissant ou en la faisant subir, des flash venaient éclaircir des parties sombres de son subconscient. Il n'y avait que de cette façon-là que ça marchait, finalement. Et n'étant plus soumis à la douleur, pour se redécouvrir, il était ainsi obligé de la faire ressentir aux autres. Peu de gens lui connaissaient cette maladie, une poignée de personnes triées sur le volet tout au plus : le Docteur Franky V. et son équipe d'experts, autrement dit, ceux qui étaient en charge de son dossier médical. Ces médecins aimaient à appeler son blocage psychologique le Mnémovis. Où étaient-ils aller chercher un nom aussi moche ? C'était bien ce que se demandait Naywhunt à chaque fois que l'on lui en parlait, pendant les séances de suivi psychiatrique qu'il subissait mensuellement. Quoiqu'il en soit, cette bestialité le rendait totalement incontrôlable et imprévisible. Il était l'indiscipline incarnée. Et il suffisait de voir comment la mission s'était déroulée dans sa totalité pour le constater.
Pascal était doté d'une force physique à toute épreuve, d'un charisme lourd, et d'un style de vie très sain, du moins, c'est ce que s'amusaient à dire la plupart des gens quand ils évoquaient cet homme. Certains pensaient même que Pascal était capable de remettre n'importe quel bandit sur le droit chemin, après une bonne tannée et quelques paroles saintes. Quelle prestance cet homme dégageait. C'était sans nul doute le gendre idéal. Mais au regard de ce qu'était Naywhunt, ce n'était pas sûrement pas le genre d'équipier qu'il lui fallait. L'éducateur se risqua plusieurs fois, d'ailleurs, à faire la morale à notre anti-héros. Sans succès, bien évidemment. Et même s'il l'ignorait tant bien que mal, l'Estropié commençait à se sentir agacé par son collègue, pour de vrai.
Quand ils arrivèrent face au groupe qu'ils prévoyaient d'appréhender, afin de les emmener en lieu sûr pour les interroger au sujet des équipages supernovas, tous se figèrent, transis de surprises. Ils se reconnurent tout de suite, et dans la seconde qui suivit l'étonnement, ils dégainèrent, tous, un à un, leurs armes. Le mauvais soldat se fit craquer les articulations de ses doigts, en sautillant un peu, tandis que le bon, lui, s'avança, fièrement vers eux. Pascal dans toute sa splendeur. Par contre, niveau discrétion, c'était pas top.
— Bon, alors les enfants, je vais vous la donner en mille : ici, c'est nous qui faisons les rè... BOUAARRRRH !
Tout compte fait ! Et oui, encore fois : le mauvais soldat avait rattrapé la situation. Naywhunt avait envoyé un rayon de lumière du bout de sa jambe, avec une rapidité incalculable, dans le tas, sans prendre la peine de regarder. Le genou plié, le pied perpendiculaire à l'axe de son corps, encore fumant, il se tenait debout face à l'explosion. C'était, après tout, une attaque groupée. Mais peut-être l'avait-elle été un peu trop ici... La dépouille de Pascal voltigea jusqu'aux semelles de la Brute, qui l'ignora et continua sa route vers les cadavres de pirates qu'il avait anéantis en un très joli geste.
Il s'approcha machinalement des brigands, tous à terre, balayé par l'impact du laser. Prenant leur pouls avec une main et sortant lentement son couteau de son étui avec l'autre, il faisait minutieusement le contrôle des décès. Et ceux qui avaient eu le malheur de survivre, se faisaient planter dans le cœur, lentement, gentiment, comme par une douce piqûre de somnifère. Ainsi, alors que les victimes quittaient leur vie les yeux ouverts, écarquillés, Naywhunt retrouvait la sienne, par bribes, en fermant ses paupières.
Durant cette séance d’exécution gratuite, dans sa tête, il vit un garçon, d'à peu près dix ans, qui courait, librement, dans des paysages irréels, venant du ciel, et qui poursuivait une fille, en pleurant et en criant des mots incompréhensibles. Ce qui semblait être lui dans le passé, était énervé. Pourquoi ? Il n'en savait rien. Et ce doute, cette situation incompréhensible, fut tout ce qu'il obtint ce jour-là. Ce qui équivalait à pas grand chose, en définitive.
— Inutile... Soupira Naywhunt, en débarquant dans sa base, au retour de son déplacement, repensant encore et toujours à ces petits souvenirs indiscrets. Il n'avait pas tort. Et c'était peut-être même pire que ça, en y regardant bien...
Aujourd'hui, il se tenait donc face au colonel Nou et à l'adjudant-chef Kamp : deux belles sommités de l'emmerdement. Nou était grand, fin, le menton dressé, la mine gâtée par la sévérité, et le front ridé par le mécontentement, comme si toute son existence n'avait été, en résumé, qu'un long souci général. Kamp était, bizarrement, son opposé : un petit gros, souriant, les yeux plissés, toujours à remuer la tête d'un hochement positif et à dire Bien sûr, même quand il s'agissait de remonter les bretelles de quelqu'un. Alors que ces deux caricatures d'interrogateurs, du bon et du gentil flic, se chamaillaient pour savoir à quel sauce ils allaient le manger, Naywhunt reprennait ses esprits. Du flou total, les sons et les images de la réalité redevenaient nets petit à petit.
— ...ldat, vous êtes un sacré ramassis de merde, je vous le dis et je vous le redirais toujours. Est-ce que vous avez conscience qu'on va vous foutre au trou pour le restant de vos jours ? J'espère que vous aimez bouffer de la chiure de piaf, et dormir dans votre propre pisse, soldat. Je vous le dis, juste pour que vous vous en rendiez compte. Qu'on soit bien d'accord : ce n'est pas une négociation, c'est une explication. — Bien sûr. Pas qu'on t'aime pas, hein. Bien sûr. Mais bon, c'est pas cool, quand même ce que t'as fait. Bien sûr. Il méritait mieux le p'tit gars. Pascal, on pense à toi. — Il s'est mis en travers de ma route, par inadvertance. Les choses ne se sont pas exactement passées comme prévues. Mais le principal : c'est que ces pirates soient morts. — Soldat, fermez votre gueule. Vous n'avez pas votre mot à dire dans cette histoire. Vous êtes encore une fois la seule et unique raison de l'échec de cette mission, et par dessus le marché, vous êtes l'auteur du meurtre de Pascal. C'est pourquoi... — Bien sûr. Bien sûr. — Toi aussi ta gueule, putain. La crédibilité, merde à la fin ! Tu vois pas je prononce la sentence, là ? Tiens, allez, ça dégage. Fous-moi le camp d'ici. Nou ouvra la porte, en indiquant à son collègue, un peu énervant sur les bords, de les quitter. Ce qu'il fit sans rechigner, en se levant de sa chaise, machinalement et en lâchant d'un ton feutré : — Bien sûr. — Bon, alors... Comme je disais : c'est pourquoi nous vous envoyons en cour martiale, au tribunal d'Enies Lobby, où vous serez jugé selon la justice militaire et en fonction de vos crimes. J'espère qu'ils vont vous en foutre plein le cul. Et je vous le dis sans ambages. — Bien sûr. Répondit Naywhunt en imitant la voix nasillarde de Kamp. Ce colonel méritait qu'on lui écrase une petite crotte de nez sur le coin de l'épaule. Et c'est ce qui fit subtilement l'estropié.
On lui passa des menottes en granit marin autour des poignets et on lui mit un sac noir sur la tête. Ce style de criminel lui allait à ravir. Après tout, il était maintenant traité en tant que tel par ses semblables. Et ils le lui firent bien remarquer pendant cette longue traversée de la mer. La plupart du temps, malheureusement, les petites insultes au creux de l'oreille ne le réveillaient pas. Affaiblis par les effets du granit marin sur son corps, et non sans être bercé par les faibles secousses du véhicule étrange dans lequel il était allongé, sa fatigue le poussait à se plonger dans un sommeil de plomb pendant plusieurs dizaines d'heures, et rien, ni personne, ne pouvaient l'en sortir.
Une fois arrivé sur les lieux, lui, qui s'attendait à être reçu par un accueil en grande pompe, celui qui normalement réservés aux grands criminels, fut bien déçu d'apprendre que c'était finalement tout le contraire. Le tribunal d'Enies Lobby était une usine à verdict, où tous les suspects attendaient les uns derrière les autres, encapuchonnés, avant d'être jugés. Seul les trois mots Coupable. Impel Down. étaient prononcés dans l'audience silencieuse, après qu'un grand coup de maillet n'ait été donné contre un socle pour clore le séance. Selon toute apparence, c'était la fin : direction les cachots et la mort lente. Bon, du coup, tant pis.
— Accusé numéro 580. Levez-vous. Monsieur... Nay... Naywh... Sujet Phantom, vous êtes accusé d'homicide involontaire. Qu'avez-vous à dire pour votre défense ? — … — Attendu que vous étiez dans l'exercice de vos fonctions, attendu que votre collègue, Pascal, est mort de vos mains, je vous déclare cou... Il fut soudain interrompu par la sonnerie de son escargophone, qui retentit à travers la pièce de toute sa tonalité. La discussion dura quelques courtes minutes, avant qu'il ne raccroche, un peu étonné. Il nota quelques choses sur un papier, puis annonça ensuite. Excusez-moi pour les désagréments. Je demande un tiers-temps.
Quel était au juste ce message qui l'avait fait changer d'avis ? Très bonne question. C'est ce que beaucoup, sur les lieux, se posèrent, quand le juge requit une pause dans le procès ; une pause qui dura bien une heure. Naywhunt était impassible sous son masque, comme à son habitude, et attendait patiemment la jurisprudence. De cette manière, il demeura silencieux et immobile jusqu'au retour de l'homme de loi qui s'occupait de son cas.
— Accusé numéro 580. Levez-vous. Monsieur... Nay... Naywh... Raaah. Monsieur Nay-WHUNT. Enfin, j'y arrive. Vous êtes accusé d'homicide involontaire... Bon, en gros, vous êtes acquitté. Balança froidement le juge, comme emprunt d'une déception sans nom, en tapant sur le tas avec son marteau de président, d'un geste lent et lourd. L'audience fut tout de même étonnée de le voir descendre de son pupitre pour venir murmurer auprès de Naywhunt, une espèce de fin de discours : Mais ne crois pas t'en sortir aussi bien, petit salopard. On va te foutre dans un truc encore pire qu'Impel Down. On va te mettre avec une équipe de bras cassés, une vraie, des mecs comme toi. Et crois-moi, c'est ce qu'il y a de pire au monde. Ah ah ah ah aaaaaaaaaaaah. Ah.
Il fallait voir le bon côté des choses : c'était quand même mieux que de se faire pendre haut et court. Aussi, quand il retrouva la liberté après plusieurs jours de ballottements pour faire le voyage inverse, il fut emmené à Marinford, et placé dans une pièce sombre. À la seconde où il fut laissé, enfin, seul, il s'alluma de suite une cigarette, puis une autre, suivi d'encore une autre, jusqu'à finir par fumer son paquet en une traite.
Sa petite cabine était embrumée, les rayons du soleil qui, matérialisés par la fumée, passaient à travers les persiennes faisaient miroiter sur les sols des bandes d'or diaphanes et il était là, assis, comme il l'avait toujours été depuis maintenant bien trop longtemps, à patienter. On devait le conduire à sa nouvelle équipe. Raison pour laquelle ses yeux perçants étaient bloqués sur la poignée de sa porte d'entrée, guettant l'arrivée d'un émissaire.
Ce dernier ne tarda, d'ailleurs, pas à arriver, mais il n'ouvra pas, et se contenta de parler à haute-voix derrière le mur, en précédant sa phrase d'un petit coup du pli de son doigt contre le bois, pour prévenir.
— Soldat, on vous attend.
Comme présentation, on avait déjà fait mieux. Peut-être avait-il peur d'attraper un cancer foudroyant en respirant tout le goudron qui volait dans cette pièce ? Sûrement. Une phrase banale et des usages rébarbatifs : c'était donc ça l'appel du devoir... Pour Naywhunt, ça ressemblait plus à un canular téléphonique.
Sujet: Re: Le bon, la brute et le truand — Elias, Naywhunt et Roki Ven 27 Mai - 1:19
Le Bon, la Brute et le Truand
Ce jour là, sur la caravelle de la Marine affublée d'une tête de tigre à dent-de-sabre sur les voiles, reconnaissables entre milles, la tension était palpable. Les soldats s'affairaient à leur tâche silencieusement, Atos s'entraînait plus ardemment qu'à l'ordinaire.. La seule chose que l'on entendait du pont principal, outre les messes basses de la bleusaille concernant l'issue de leur destination, était les cris du lieutenant Alvarez venant de la cabine du commandant.
▬ Mais tu ne comprends pas que c'est grave cette fois-ci?!
▬ Je.. vois pas.. pourquoi tu t'énerves.. On les a arrêtés.. Non?répondit Elias avec beaucoup de mal, pris de violentes nausées.
▬ C'est pas la question! Tu es allé trop loin cette fois-ci, tu ne t'en tireras pas avec un simple sermon!
▬ Mais c'est pas.. guh.. pas la première fois que ça arrive..
▬ SI! C'est totalement différent! Tu as détruis une résidence appartenant à l'une des vingt familles fondatrices du Gouvernement Mondial, les retombés vont être bien plus lourdes! elle le saisit par le col en le secouant dans tous les sens. TU COMPRENDS LA GRAVITÉ DE LA SITUATION?! Tu seras peut être..
▬ Kaya...gémit-il, portant sa main à sa bouche.
▬ .. renvoyé de la Marine, destituer de ton grade, emprisonné..
▬ Kaya.. guh..
▬ .. ou même ordonné à l'exécution à Enies Lobby.elle le secoua d'avantage, les yeux sortant de leur orbite, espérant une réaction de la part de son commandant. TU TE RENDS COMPTE?! HEIN?!
▬ Je... Bluuuuuuuuuuuuuuuuuurgh
Elias ne pouvait plus se retenir. Dans un long râle de dégoût, il dégueula un flot impressionnant de gerbe aux pieds de son lieutenant. Les deux restèrent immobiles, l'une tenant toujours son col entre les mains en tentant de se retenir de l'étrangler, l'autre qui l'observait l'air suppliant en suant à grosses gouttes. Kaya finit par le lâcher calmement, fermant les yeux en poussant un long soupir. Elle se retourna lentement en prenant la direction de la porte de la petite cabine avant de s'arrêter brusquement, restant pendant plusieurs secondes immobile, laissant régner une pression pesante sur la zone. Elias tentait de s'excuser mais, épuisé, tout ce qui sortait n'était qu'une série de grommellement incompréhensibles. Brutalement, le lieutenant se retourna avec une pile de livre à la main sortie de je ne sais où en les lançant uns à uns dans la direction de son commandant, chacun le touchant avec une précision incroyable, en vociférant une série de jurons que je m'abstiendrais de retranscrire ici avant de claquer la porte brutalement derrière elle; laissant Elias gisant sur son lit la tête couverte de bosse. Il eut à peine le temps de se remettre de cet assaut que le bateau ralentit sa course.
▬ ZAPATA-TAICHŌ! Nous arrivons à Marineford!
Le moment était finalement venu. Une fois encore, Elias devra justifier de ses actes devant les hautes instances de la Marine, mais contrairement aux fois précédentes, ça sentait l'embrouille à plein nez. Il avait été directement convoqué à Marineford, quartier général de la Marine où sont stationnés les plus haut gradés. Malgré cette convocation martiale, sa seule préoccupation restait de savoir s'il allait pouvoir croiser l'amiral Akagama, il espérait secrètement que celui-ci plaide en sa faveur. Mais pour l'heure, il n'avait pas à s'en préoccuper. Il se sentait revigorer à mesure que sa caravelle se pose à quai, ressortant de sa cabine frais comme un gardon, faisant fi de ses multiples bosses à la tête, et comme si de rien était. Un large sourire sur ses lèvres, il jeta un regard à Kaya qui fit une moue boudeuse, puis à Atos qui soulevait des poids d'une centaine de kilos chacun. Le sergent cessa son entraînement en le voyant s'approcher de la cabine en le suivant sur le deck principal.
▬ Tu penses que ça ira?dit calmement le minks, lui témoignant son inquiétude.
▬ T'en fais pas.. Puis tant qu'on reste ensembles, rien de grave pourra nous arriver.lui répondit son commandant calmement, un sourire aux lèvres, les yeux portés sur le bâtiment gigantesque de la Marine qui se rapprochait rapidement.
Le sergent sourit à son tour en portant son regard dans la même direction que celle d'Elias. Tous trois, avec le lieutenant Alvarez, descendirent du navire une fois arrêté, où ils furent accueillis par un cortège impressionnant de soldats de la Marine tous armés. Toutes ces formalités pompeuses énervaient grandement le commandant qui s'efforçait de garder son calme pour le bien de ses homologues, et suivit docilement le groupe armé sans broncher. Ils finirent par arriver dans une large salle où les attendait un homme gigantesque, aux cheveux blonds platines simplement gominés, avec un bandeau à son œil droit. Kaya se tétanisa à sa vue, se mettant à trembler tout en se rapprochant discrètement d'Elias en chuchotant pour ne pas que les soldats l'entendent.
▬ C'est le vice-amiral Vicente Calderón. Il est connu pour son allégeance sans faille envers le Gouvernement Mondial..
Avec cette simple phrase, Kaya avait fait naître une multitude de doutes chez Elias qui ne faisait pas confiance aux dirigeants du Gouvernement. Elle avait raison, finalement. Ce qui allait suivre n'allait être en rien similaires aux précédents sermons qu'il avait pu avoir. Une fois arrivé au centre de la salle, il ressentit une pression énorme peser sur eux. Le vice-amiral se leva de son asseoir en perforant le silence de la salle de sa voix rauque.
Les deux annoncés s'exécutèrent calmement, se posant au plein milieu de la grande salle, face au vice-amiral et les quelques hommes assis à ses côtés. Ils se tenaient fièrement face à eux, croisant tout deux les bras.
▬ Vous êtes ici présents devant nous pour avoir détruit volontairement la moitié d'un village lors d'une mission banale de capture d'un pirate primé. J'ai cru comprendre que ce n'était pas la première fois que ce genre d’événements arrivait. Il est inadmissible pour un Marine de cette stature d'adopter ce genre de comportement. Qu'avez vous à dire pour votre défense?
Elias savait pertinemment qu'il était ici pour avoir détruit un bien d'une famille de noble, et rien de plus, bien qu'ils tentaient de le couvrir honteusement. Il bouillait de l'intérieur, l'envie de lui répondre par ses poings le démangeait.. Mais l'enjeu était trop grand. L'envie de lui cracher à la gueule, de dénoncer ces différences de traitement le démangeait, mais jouer la transparence était la solution la plus intelligente.
▬ Non, je n'ai rien à dire, si ce n'est que je ne faisais que mon travail.
▬ Votre travail n'est pas de dégrader les biens d'autrui, Commandant, que l'on soit clair. Mais soit, si vous n'avez rien à dire pour votre défense, sachez que l'on vous a attribué, tous les trois, à une nouvelle unité. Le Colonel responsable des attributions vous donnera toutes les informations nécessaire. Si cela devait se reproduire, comprenez que nous serons bien moins conciliants. Vous pouvez disposer.
Une nouvelle unité? Ça sentait l'embrouille à plein nez. Ils nous pouvaient pas s'en sortir aussi bien.. Elias était sceptique. Il tremblait de rage. Toute cette hypocrisie condescendante le faisait bouillir. Les poings crispés, il dévisageait le Vice-amiral en espérant qu'il comprenne le fond de sa pensée avant de tourner les talons, rejoignant Kaya et le dit-colonel qui partit dans une série d'explication pompeuse qu'Elias n'entendait même pas tant il enrageait. Il se sentait prêt à exploser à tout moment, jusqu'à ce qu'une main minuscule vint se poser sur son dos. C'était son Lieutenant, qui lui adressait un sourire triste, plutôt maladroit. C'est vrai.. Il n'était pas tout seul. Il leur avait dit. Quoi qu'il puisse se passer, tant qu'ils étaient réunis, rien ne pouvait arriver.
Les trois Marines étaient donc en direction de leur nouveaux collègues, à la rencontre de cette fameuse "nouvelle unité". A quel genre de personnes auraient-ils affaire?
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Le bon, la brute et le truand — Elias, Naywhunt et Roki